30-03-2020, 20:27

Si on fait un tour d’horizon sur la situation actuelle de nos personnages, on tombe sur des tableaux bien différents. Pourtant, entre eux, des liens sont déjà là, bien existants. Une caractéristique qui les relie au plus profond de leur être, malgré toutes leurs pensées hautaines, malgré leurs faux-semblants et la dureté de leurs interactions. Mais pour le moment, l’arrêt sur image qu’on peut faire illustre tellement bien la bassesse de l’espèce humaine qu’elle mérite qu’on s’y attarde un peu plus longtemps.
D’un côté, vous verrez deux blondes, visages de poupées, corps de mannequins, sourires figés sur le visage. Leur égo est si important qu’elle se sentent obligées de parader et de se rabaisser. Mais qui pourra bien être le coq le plus belliqueux du poulailler ? Qui sera le grand victorieux qui ressortira sous les acclamations du public, les regards admiratifs et les mots d’amour ? Littéralement, personne. Car le jeu est d’avance biaisé et qu’on se gardera bien, ici, d’afficher en public ses émotions. Plus tard, sur Instagram et Twitter, les langues aiguisées se délieront et se donneront à cœur joie pour commenter chaque geste, chaque mot, chaque intonation. Mais pour le moment, tout le monde baisse la tête ou fait mine d’admirer la beauté du paysage, tandis que les phrases prononcées par Blanche viennent claquer durement aux oreilles de leur destinataire.
-Chérie, vois-tu, on ne vient pas tous aux bals de charité pour se nourrir. Si je veux manger, je le fais chez moi. Après, je comprends d'où vient la confusion... Il faut de tout dans les évènements caritatifs, y compris des pouilleux qui viennent pour goûter pour la première fois des canapés au caviar. Enfin... Merci pour rien, sinon d'avoir rappelé d'où tu venais.
Alors qu’elle commence déjà à s’éloigner dans un ostensible déhanchement, Arya siffle entre ses dents :
- Excuse-moi mais on n’a pas tous le malheur d’avoir des problèmes psychologiques.
La référence est simple, rapide et efficace. Tout le monde ici a compris, sans que les mots tabous n’aient eu besoin d’être réellement prononcé. Dans cet univers encore plus que dans les autres, l’anorexie et la boulimie flottent toujours dans l’air, ils ne se font jamais oubliés, mais personne n’en parle jamais. Aujourd’hui, la règle n’a pas été brisée. Ce n’était pas nécessaire pour rappeler à son adversaire de joute ses peurs les plus profondes. Ce n’était pas utile pour avoir le dernier mot. Mais le succès ainsi recueilli est malheureusement teinté de l’amertume de leurs vies bousillées par la recherche de la perfection.
D’un autre côté, à l’autre bout de la scène, une gifle part, une joue s’enflamme, et un de ses riches enfants tombe à terre.
- Quand le petit richou et ses petits problèmes auront finis. Il partira de ce Bal dont il ne veut pas ?
Mais bien sûr que non. A quel moment Gaspard pourrait partir. Il en a peut-être envie, mais il ne peut pas. Il ne peut pas parce qu’ici, ça ne se fait pas. Parce que sa mère est à côté et le cherche déjà du regard depuis quelques minutes, se demandant pourquoi il ne ressort pas des toilettes. Parce qu’il a une image à conserver et des fans à satisfaire. Parce qu’il a beau se morfondre sur son sort, il aime bien le confort de sa vie actuelle et qu’il n’a pas envie de risquer de tout perdre. Parce qu’après tout, s’il en avait vraiment eu marre, il aurait pu tout changer, tout plaquer, tout laisser de côté et recommencer à zéro, comme n’importe qui. Anonyme. Loin d’ici. Alors, bien sûr, il finira par se rhabiller, se recoiffer, se passer un filet d’eau fraiche sur le visage avant de sortir en affichant son plus beau sourire. Malheureusement, peu de monde aura l'honneur d'en profiter.
Finalement, comme dernière scène, vous aurez la chance de voir un triangle amoureux se faire et se défaire dans de jolis pas délicats, tandis qu’Amélia glisse hors de portée pour laisser un gros plan se fixer sur Mildred et Capucine. Rage, douleur, déchirement, l’homme aimé ne veut pas de l’enfant fabriqué sournoisement dans son dos. Elle ne voulait pas de mensonges, pas de cachotteries, mais a tut son désir d’enfanter. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle espérait ainsi le garder, peut-être parce qu’elle savait que la réaction serait négative, peut-être parce qu’elle appréhendait sa réponse. La pression du public est à son comble, on veut savoir la suite. Comment un manipulateur tel que Mildred allait réagir ? Arriverait-il à garder la face ? Eh bien, évidemment, la réponse est non.
- J'en ai marre Capucine. Marre ! Je ne veux pas de cet enfant. Je ne veux pas d'enfant avec toi... Je... toi et moi... c'est de la mascarade. Je ne t'aime plus.
Mais, parce que dans son milieu, on n’aime pas les drames, parce qu’il sait qu’il a été trop loin, parce qu’il a peur de perdre sa petite vie tranquille qu’il déteste mais qu’il chérit tant, l’imbécile est incapable de ne pas revenir sur ses mots, s’enfonçant toujours plus dans la médiocrité.
- Capu’ attend !
Le cri se perd dans la foule alors que sa voix se casse. Il prend conscience que c’est trop tard, que sa réputation est ruinée. Tout le monde sait maintenant qu’il est tellement imbu de lui-même, tellement avide de succès, d’amour, de gloire et de beauté qu’il est prêt à falsifier le plus beau de l’humanité : l’amour, les sentiments. Que ce soit la foule de riches gens dont on se fiche plutôt pas mal ici, où Amélia qui n’a pas eu le temps de partir assez loin pour louper la scène, où Gaspard qui sort alors tout juste des toilettes ou bien Blanche et Arya qui, à quelques mètres l’une de l’autre, en ont presque oublié leurs différends, tout le monde sait. Et tout le monde est pendu à leurs lèvres, on attend la suite…
Une suite qui n’arrivera pas, car l’univers est alors complètement bouleversé. Leurs oreilles se bouchent, leurs yeux deviennent aveugles, ils tombent à la renverse.
Lorsque, plusieurs minutes plus tard, le son revient lentement et que nos protagonistes retrouvent l’usage de leurs sens, quelque chose leur paraît bizarre. Encore sonnés, ils se relèvent, tremblants, vérifiant que tous leurs membres sont encore accrochés à leur corps, que l’air qu’ils inspirent et expirent goulument peut toujours se frayer un passage jusqu’à leurs poumons et que rien n’a changé autour d’eux. C’est alors qu’une petite voix effrayée se fait entendre, faisant fi des apparences habituellement d’usage :
- Ils sont où, les autres ?
Faisant un tour sur elle-même, Arya, la première debout, contemple tout son monde qui vient de disparaître, alors que ses yeux croisent avec horreur ceux de Blanche, de Gaspard, d’Amélia et de Mildred. Leur univers disparaît et, pour ne rien arranger, les derniers candidats à la mort se détestent. Comment vont-ils bien pouvoir réagir ?
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D’un côté, vous verrez deux blondes, visages de poupées, corps de mannequins, sourires figés sur le visage. Leur égo est si important qu’elle se sentent obligées de parader et de se rabaisser. Mais qui pourra bien être le coq le plus belliqueux du poulailler ? Qui sera le grand victorieux qui ressortira sous les acclamations du public, les regards admiratifs et les mots d’amour ? Littéralement, personne. Car le jeu est d’avance biaisé et qu’on se gardera bien, ici, d’afficher en public ses émotions. Plus tard, sur Instagram et Twitter, les langues aiguisées se délieront et se donneront à cœur joie pour commenter chaque geste, chaque mot, chaque intonation. Mais pour le moment, tout le monde baisse la tête ou fait mine d’admirer la beauté du paysage, tandis que les phrases prononcées par Blanche viennent claquer durement aux oreilles de leur destinataire.
-Chérie, vois-tu, on ne vient pas tous aux bals de charité pour se nourrir. Si je veux manger, je le fais chez moi. Après, je comprends d'où vient la confusion... Il faut de tout dans les évènements caritatifs, y compris des pouilleux qui viennent pour goûter pour la première fois des canapés au caviar. Enfin... Merci pour rien, sinon d'avoir rappelé d'où tu venais.
Alors qu’elle commence déjà à s’éloigner dans un ostensible déhanchement, Arya siffle entre ses dents :
- Excuse-moi mais on n’a pas tous le malheur d’avoir des problèmes psychologiques.
La référence est simple, rapide et efficace. Tout le monde ici a compris, sans que les mots tabous n’aient eu besoin d’être réellement prononcé. Dans cet univers encore plus que dans les autres, l’anorexie et la boulimie flottent toujours dans l’air, ils ne se font jamais oubliés, mais personne n’en parle jamais. Aujourd’hui, la règle n’a pas été brisée. Ce n’était pas nécessaire pour rappeler à son adversaire de joute ses peurs les plus profondes. Ce n’était pas utile pour avoir le dernier mot. Mais le succès ainsi recueilli est malheureusement teinté de l’amertume de leurs vies bousillées par la recherche de la perfection.
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D’un autre côté, à l’autre bout de la scène, une gifle part, une joue s’enflamme, et un de ses riches enfants tombe à terre.
- Quand le petit richou et ses petits problèmes auront finis. Il partira de ce Bal dont il ne veut pas ?
Mais bien sûr que non. A quel moment Gaspard pourrait partir. Il en a peut-être envie, mais il ne peut pas. Il ne peut pas parce qu’ici, ça ne se fait pas. Parce que sa mère est à côté et le cherche déjà du regard depuis quelques minutes, se demandant pourquoi il ne ressort pas des toilettes. Parce qu’il a une image à conserver et des fans à satisfaire. Parce qu’il a beau se morfondre sur son sort, il aime bien le confort de sa vie actuelle et qu’il n’a pas envie de risquer de tout perdre. Parce qu’après tout, s’il en avait vraiment eu marre, il aurait pu tout changer, tout plaquer, tout laisser de côté et recommencer à zéro, comme n’importe qui. Anonyme. Loin d’ici. Alors, bien sûr, il finira par se rhabiller, se recoiffer, se passer un filet d’eau fraiche sur le visage avant de sortir en affichant son plus beau sourire. Malheureusement, peu de monde aura l'honneur d'en profiter.
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Finalement, comme dernière scène, vous aurez la chance de voir un triangle amoureux se faire et se défaire dans de jolis pas délicats, tandis qu’Amélia glisse hors de portée pour laisser un gros plan se fixer sur Mildred et Capucine. Rage, douleur, déchirement, l’homme aimé ne veut pas de l’enfant fabriqué sournoisement dans son dos. Elle ne voulait pas de mensonges, pas de cachotteries, mais a tut son désir d’enfanter. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle espérait ainsi le garder, peut-être parce qu’elle savait que la réaction serait négative, peut-être parce qu’elle appréhendait sa réponse. La pression du public est à son comble, on veut savoir la suite. Comment un manipulateur tel que Mildred allait réagir ? Arriverait-il à garder la face ? Eh bien, évidemment, la réponse est non.
- J'en ai marre Capucine. Marre ! Je ne veux pas de cet enfant. Je ne veux pas d'enfant avec toi... Je... toi et moi... c'est de la mascarade. Je ne t'aime plus.
Mais, parce que dans son milieu, on n’aime pas les drames, parce qu’il sait qu’il a été trop loin, parce qu’il a peur de perdre sa petite vie tranquille qu’il déteste mais qu’il chérit tant, l’imbécile est incapable de ne pas revenir sur ses mots, s’enfonçant toujours plus dans la médiocrité.
- Capu’ attend !
Le cri se perd dans la foule alors que sa voix se casse. Il prend conscience que c’est trop tard, que sa réputation est ruinée. Tout le monde sait maintenant qu’il est tellement imbu de lui-même, tellement avide de succès, d’amour, de gloire et de beauté qu’il est prêt à falsifier le plus beau de l’humanité : l’amour, les sentiments. Que ce soit la foule de riches gens dont on se fiche plutôt pas mal ici, où Amélia qui n’a pas eu le temps de partir assez loin pour louper la scène, où Gaspard qui sort alors tout juste des toilettes ou bien Blanche et Arya qui, à quelques mètres l’une de l’autre, en ont presque oublié leurs différends, tout le monde sait. Et tout le monde est pendu à leurs lèvres, on attend la suite…
Une suite qui n’arrivera pas, car l’univers est alors complètement bouleversé. Leurs oreilles se bouchent, leurs yeux deviennent aveugles, ils tombent à la renverse.
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Lorsque, plusieurs minutes plus tard, le son revient lentement et que nos protagonistes retrouvent l’usage de leurs sens, quelque chose leur paraît bizarre. Encore sonnés, ils se relèvent, tremblants, vérifiant que tous leurs membres sont encore accrochés à leur corps, que l’air qu’ils inspirent et expirent goulument peut toujours se frayer un passage jusqu’à leurs poumons et que rien n’a changé autour d’eux. C’est alors qu’une petite voix effrayée se fait entendre, faisant fi des apparences habituellement d’usage :
- Ils sont où, les autres ?
Faisant un tour sur elle-même, Arya, la première debout, contemple tout son monde qui vient de disparaître, alors que ses yeux croisent avec horreur ceux de Blanche, de Gaspard, d’Amélia et de Mildred. Leur univers disparaît et, pour ne rien arranger, les derniers candidats à la mort se détestent. Comment vont-ils bien pouvoir réagir ?